Chapitre 11 Item 42 – UE 2 – Tuméfaction pelvienne chez la femme

I.       Pour comprendre

II.    Orientations diagnostiques fournies par l’interrogatoire

III. Orientations diagnostiques fournies par l’examen clinique

IV. Orientations diagnostiques fournies par les examens complémentaires

V.    Attitude thérapeutique devant un fibrome utérin : les principes du traitement

VI. Attitude thérapeutique devant un kyste ovarien : les principes du traitement

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Objectif pédagogique

*  Devant une tuméfaction pelvienne chez la femme, argumenter les principales hypothèses diagnostiques, justifier les examens complémentaires pertinents et connaître les différents traitements et leurs indications.

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I Pour comprendre

Devant une tuméfaction pelvienne chez la femme, la démarche diagnostique doit d’abord localiser le siège de la tuméfaction pelvienne puis en préciser la nature, bénigne ou maligne. L’examen complémentaire essentiel est l’échographie pelvienne. Éventuellement en seconde intention pourront être utilisées la tomodensitométrie, l’IRM et les marqueurs tumoraux.

A Étiologies

Les deux tuméfactions pelviennes les plus fréquentes chez la femme sont le fibrome utérin et le kyste de l’ovaire, sans oublier la grossesse à laquelle il faut toujours penser chez une femme en période d’activité génitale.

Il faut donc en premier lieu éliminer une grossesse par un examen clinique et un interrogatoire orienté sur cette possibilité (date des dernières règles, âge, contraception, oubli) puis par un dosage des HCG assez systématique, et enfin sur l’échographie pelvienne.

B Étiologies utérines

1 Fibrome utérin

Le fibrome utérin, lorsqu’il est palpable, est le plus souvent sous-séreux (types 5,6,7 selon la classification FIGO) ou interstitiel (types 3,4), rarement sous-muqueux et alors de types 2-5 (figure 11.1). C’est la plus fréquente des tumeurs de l’utérus ; 20 à 30 % des femmes de plus de 35 ans en sont atteintes.

Il est important de souligner qu’environ 50 % des fibromes sont asymptomatiques et sont découverts au cours d’un examen gynécologique systématique, d’une échographie ou d’une technique d’imagerie pelvienne.

Symptômes

Ménorragies

C’est le principal signe révélateur et le plus pathognomonique. Les règles sont augmentées en durée et en abondance. Il faut faire préciser à la patiente le nombre de changes par jour (score de Higham) et la présence ou non de caillots. Ces hémorragies sont parfois directement en rapport avec le fibrome lui-même s’il est sous-muqueux, mais résultent aussi des modifications de la cavité utérine qui est agrandie par les myomes interstitiels altérant la contractilité du myomètre. Parfois, l’hyperplasie endométriale est associée dans un contexte d’insuffisance lutéale et majore les saignements. En cas de fibrome sous-muqueux, les ménorragies sont en rapport avec des altérations de l’endomètre et une augmentation de la cavité utérine pouvant compromettre une rétraction correcte de l’utérus au moment des règles.

Métrorragies

Elles sont rarement isolées. Le plus souvent, il s’agit de ménométrorragies.

Pesanteur pelvienne

Elle peut se traduire par :

         une pesanteur pelvienne ou des signes de compression des organes de voisinage responsables de pollakiurie par irritabilité vésicale ou de constipation par compression digestive peuvent être un mode révélateur ;

         la perception par la femme d’une masse abdominale d’apparition progressive allant en augmentant sans pourtant de douleur vraie, ou augmentation du volume de l’abdomen pour certaines ;

         parfois des douleurs pelviennes plus importantes liées à des complications des myomes ou à une adénomyose associée, ou encore à des troubles vasculaires associés.

Dysménorrhée

Elle peut être liée à un fibrome du col ou de l’isthme gênant l’évacuation du flux menstruel.

Complications

Complications hémorragiques

Un fibrome sous-muqueux peut être responsable d’une hémorragie plus importante (surtout si présence d’un DIU), pouvant entraîner une anémie microcytaire hyposidérémique. Les autres formes topographiques des fibromes (sous-séreux et interstitiels) sont rarement à l’origine de saignements hémorragiques.

Complications douloureuses

La nécrobiose aseptique d’un fibrome est la principale cause des douleurs en cas de fibrome. Elle est secondaire à l’ischémie du fibrome et se caractérise par :

         des douleurs pelviennes pouvant être très intenses avec une fièvre entre 38° et 39 °C ;

         parfois des métrorragies de sang noirâtre ;

         au toucher vaginal par une augmentation du fibrome, douloureux à la palpation ;

         à l’échographie : une image en cocarde avec une hyperéchogénicité centrale.

Plus rarement, il peut s’agir de la torsion d’un fibrome sous-séreux pédiculé, ou de l’accouchement par le col d’un fibrome pédiculé sous-muqueux avec des coliques expulsives.

Complications mécaniques

Il s’agit de complications à type de compression :

         vésicale (rétention d’urines) ;

         rectale (« faux besoins ») ;

         veineuse pelvienne, pouvant entraîner thrombose ou œdèmes des membres inférieurs, plus rarement des phlébites ;

         nerveuse responsable de sciatalgie, à la face postérieure de la cuisse, ou névralgie obturatrice, à la face interne de la cuisse ;

         urétérale : responsable d’une urétéro-hydronéphrose, voire de coliques néphrétiques ou de pyélonéphrites.

Transformation maligne

Le lien myome-sarcome est incertain et aucune filiation à ce jour n’a été démontrée.

Complications gravidiques

Les complications sont multiples pendant la grossesse, souvent peu importantes et à faible retentissement une fois la grossesse installée. Ce sont :

         la stérilité et les avortements spontanés à répétition, notamment en cas de fibrome sous-muqueux ;

         la nécrobiose ; avec menace d’accouchement prématuré et risque de prématurité.

         la localisation praevia gênant un accouchement par voie basse ;

         la présentation dystocique en cas de fibrome volumineux (interstitiel) ;

         la dystocie dynamique ou l’hémorragie de la délivrance liée à une mauvaise rétraction utérine.

2 Autres causes

Elles sont rarement à l’origine d’une tumeur pelvienne (en dehors de la grossesse) :

         le cancer de l’endomètre (cf. chapitre « Tumeurs du col utérin, tumeur du corps utérin ») : il s’agit d’une cause très rare, correspondant alors le plus souvent à une tumeur endocavitaire avec sténose du col et rétention intra-utérine entraînant la palpation d’une masse pelvienne par hématométrie et parfois pyométrie ;

         l’adénomyose, rarement car l’utérus ne dépasse pas le double de sa taille habituelle et est rarement palpable ;

         la grossesse.

C Étiologies ovariennes

1 Kyste organique ou fonctionnel

Les kystes fonctionnels de l’ovaire constituent la plus fréquente des tuméfactions pelviennes de la femme en période d’activité génitale. Ils correspondent à des kystes folliculaires ou à des kystes lutéiniques (du corps jaune) dont la régression est le plus souvent spontanée.

Les kystes organiques sont le plus souvent bénins. 20 % des tumeurs ovariennes sont malignes ou borderline, et le risque de cancer augmente avec l’âge.

Il n’existe pas de symptomatologie spécifique des kystes de l’ovaire.

Les signes d’appel principaux sont :

         des douleurs pelviennes unilatérales modérées, généralement à type de pesanteur ;

         des métrorragies ;

         une pollakiurie ou des troubles digestifs par compression.

Selon l’étiologie, il est possible de retrouver certains symptômes évocateurs comme l’association à des dysménorrhées et dyspareunies pour l’endométriome.

Mais dans plus de 50 % des cas, le kyste de l’ovaire est latent, et est découvert lors d’un examen clinique ou d’une échographie réalisée pour une autre raison.

Parfois, le kyste de l’ovaire est découvert à l’occasion d’une complication.

2 Torsion

Elle survient surtout pour les kystes lourds (dermoïdes, mucineux), ou les kystes munis d’un pédicule très fin (kyste du para-ovaire).

Le tableau clinique est caractéristique :

         une douleur pelvienne aiguë : il s’agit d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. La douleur abdomino-pelvienne débute brutalement d’une seconde à l’autre et ne cède pas, allant en s’amplifiant. Elle est associée à des vomissements et à des nausées. Souvent, des épisodes de subtorsion ont précédé l’accident aigu ;

         l’examen abdominal retrouve un tableau de défense abdomino-pelvienne généralisée ;

         l’examen gynécologique note un cul-de-sac extrêmement douloureux. Il n’y a pas de signe infectieux, ni de signe pouvant faire évoquer une occlusion ;

         l’échographie montre une image latéro-utérine. Le Doppler peut montrer l’arrêt de la vascularisation au niveau des pédicules utéro-ovariens et infundibulo-pelviens mais c’est un signe inconstant ;

         les classiques troubles de l’hémostase ne sont plus jamais observés.

Une intervention est nécessaire en urgence pour détordre l’ovaire ou l’annexe et retirer le kyste. Il faut être conservateur chez les jeunes femmes, même en cas de geste tardif et même si l’aspect de l’ovaire est inquiétant. Des contrôles tardifs ont montré la récupération d’une fonction subnormale.

3 Hémorragie intrakystique

Elle survient souvent dans des kystes fonctionnels. Elle se caractérise par :

         l’apparition d’un syndrome douloureux pelvien à début rapide ;

         l’examen clinique trouve une défense dans l’une des deux fosses iliaques. L’un des culs-de-sac est comblé et douloureux ;

         l’échographie met en évidence un kyste à contenu très finement échogène si l’examen est réalisé tôt après l’accident ou hétérogène si l’examen est réalisé plus tard. Il est fréquent d’observer un épanchement péritonéal associé.

Ici encore, le traitement chirurgical peut s’imposer soit afin de confirmer le diagnostic et d’éliminer une torsion, soit afin d’arrêter l’hémorragie et de traiter le kyste. Souvent, si l’hémorragie est intrakystique, elle est modeste et une simple surveillance suffit sauf si la femme a des troubles de la coagulation associés (maladie de Willebrand).

4 Rupture du kyste de l’ovaire

Elle complique souvent l’hémorragie et/ou la torsion. Le tableau est globalement superposable à celui de l’hémorragie. L’échographie peut orienter le diagnostic en montrant un épanchement péritonéal peu abondant si c’est juste le kyste qui est rompu ou plus abondant s’il y a un hémopéritoine associé. L’intervention est souvent évitable devant une amélioration progressive sans déglobulisation ; elle nécessite parfois une surveillance de 24 h ; en cas de doute sur un hémopéritoine, la cœlioscopie confirme le diagnostic et permet le traitement.

5 Infection ovarienne (abcès ovarien)

Elle est soit secondaire à un tableau de pelvipéritonite d’origine génitale, soit secondaire à une ponction ovarienne écho guidée pour traitement d’un kyste ou prélèvement ovocytaire. Son tableau est caractéristique avec : hyperthermie, contractures pelviennes, hyperleucocytose. Ici encore, l’intervention s’impose afin de confirmer le diagnostic, de réaliser la toilette péritonéale et le drainage de l’abcès. L’abcès ovarien contrairement à l’abcès tubaire est très rare.

6 Compression d’organes pelviens

Les compressions d’organes pelviens (vésicale, rectale, veineuse, urétérale) sont rares.

7 Complications obstétricales

Un gros kyste enclavé dans le cul-de-sac de Douglas peut être responsable d’un obstacle praevia gênant la descente de la tête fœtale. Dans ce cas, on peut être amené à réaliser une césarienne.

Au début de la grossesse, on peut mettre en évidence un kyste ovarien ; les complications sont plus fréquentes pendant la grossesse. La conduite à tenir est spécifique pendant la grossesse (abstention jusqu’à 16 SA pour éliminer les kystes fonctionnels les plus fréquents ; le plus souvent, surveillance mais parfois exploration chirurgicale cœlioscopique au début du second trimestre en cas de persistance de tumeur de grande taille, de suspicion de tumeur maligne ou de symptômes).

8 Autres causes

Ce sont :

         le cancer (cf. chapitre « Tumeurs de l’ovaire ») ; Il est rare avant la ménopause mais possible. Il se révèle parfois par une masse pelvienne ou par des signes digestifs de carcinose ou de compression ;

         l’endométriose (cf. chapitre « Algies pelviennes chez la femme ») accompagnant un endométriome qui est le révélateur de la maladie sous jacente.

D Étiologies tubaires

Elles évoquent :

         un hydrosalpinx ;

         un bloc adhérentiel post-infectieux ;

         un kyste vestigial ou du mésosalpinx.

Mais la trompe se dilate rarement suffisamment pour entraîner une masse pelvienne et il s’agit souvent d’une masse annexielle prenant trompe et ovaire et dans ce cas souvent infectieuse.

E Étiologies péritonéales

C’est l’endométriose du cul-de-sac de Douglas, mais il s’agit plus d’une induration du Douglas ou d’un nodule que d’une masse pelvienne.

F Étiologies digestives

Elles sont rares et signent :

         un cancer du côlon ou du rectum ;

         une sigmoïdite.

C’est un diagnostic différentiel et là encore rarement une masse pelvienne, à moins d’une tumeur de grosse taille.

II Orientations diagnostiques fournies par l’interrogatoire

L’interrogatoire précise :

         les antécédents :

        salpingite, leucorrhées fréquentes,

        contraception par stérilet qui oriente vers une étiologie infectieuse,

        endométriose,

        régularité des cycles et date des dernières règles,

         la nature des douleurs pelviennes associées :

        uni- ou bilatérales,

        cycliques (place dans le cycle) ou non cycliques (permanentes ou intermittentes),

        intensité,

         les hémorragies génitales :

        ménorragies ;

        métrorragies,

         les troubles digestifs :

        troubles du transit,

        rectorragies,

         les troubles urinaires.

III Orientations diagnostiques fournies par l’examen clinique

A Toucher vaginal

C’est l’examen essentiel car il permet d’orienter le diagnostic même s’il est souvent peu contributif en raison de la douleur. Il faut essayer de sentir une masse et de la localiser à l’utérus ou non.

1 Utérus globalement augmenté de volume

Un utérus globalement augmenté de volume correspond le plus souvent à un ou à des fibromes interstitiels ou sous-séreux (dimensions en centimètres, régularité des contours ou existence de voussures qui déforment ses contours). Il faut cependant savoir reconnaître un utérus gravide augmenté de volume et mou dans un contexte de retard de règles. De même, il ne faut pas se laisser abuser par un globe vésical et toujours examiner les patientes après les avoir fait uriner. La masse est mesurée par rapport à l’ombilic ou peut aussi utiliser la taille comme pour la grossesse avec la hauteur utérine en semaines d’aménorrhée.

2 Masse latéro-utérine

Elle peut être dépendante ou non de l’utérus.

Elle est dépendante de l’utérus :

         car elle est en continuité avec lui, non séparée de lui par un sillon et elle transmet ainsi à la main abdominale les mouvements imprimés au col utérin par les doigts vaginaux et vice versa ;

         le toucher vaginal précise sa taille approximative et la régularité de ses contours si la patiente est mince ;

         elle correspond le plus souvent à un fibrome sous-séreux sessile dont les contours sont réguliers mais il peut s’agir d’une autre pathologie adhérente à l’utérus, cancer de l’ovaire, endométriose, bloc adhérentiel infectieux ; dans ce cas, cette masse est plus volontiers irrégulière.

Elle est indépendante de l’utérus :

         car elle est séparée de lui par un sillon et qu’elle ne transmet pas à la main abdominale les mouvements imprimés au col utérin par les doigts vaginaux et vice versa ;

         le toucher vaginal précise là encore sa taille et ses caractéristiques :

        soit régulière et mobile orientant vers un kyste de l’ovaire ou un fibrome pédiculé,

        soit irrégulière et fixée orientant vers un cancer de l’ovaire, une endométriose ou une infection.

3 Masse du cul-de-sac de Douglas

Elle est :

         soit fixée et aux contours mal limités orientant vers un cancer de l’ovaire, une endométriose, voire un cancer digestif ;

         soit régulière, plus ou moins mobile, correspondant à une lésion bénigne prolabée dans le cul-de-sac ; là encore il ne faut pas confondre avec un fécalome, un cæcum dilaté ou un rectosigmoïde plein et, au moindre doute, il faut réexaminer la patiente après un lavement.

B Examen abdominal

L’examen abdominal :

         palpe parfois le pôle supérieur de la tuméfaction quand elle est de grande taille et en précise alors la régularité des contours ;

         recherche une ascite ;

         recherche une hépatomégalie ;

         ascite et hépatomégalie qui, associées à une tuméfaction irrégulière, orientent vers un cancer de l’ovaire.

C Toucher rectal

Le toucher rectal en cas de rectorragies et de tumeur fixée dans le cul-de-sac de Douglas recherche une tumeur rectale.

IV Orientations diagnostiques fournies par les examens complémentaires

L’échographie pelvienne par voie transpariétale et par voie transvaginale est l’examen complémentaire à demander en premier.

Elle permet de préciser la structure de la tumeur, solide, liquide ou hétérogène, de la mesurer et de la localiser.

A Tumeurs utérines

1 Tuméfactions solides

Les tuméfactions solides correspondent le plus souvent à des fibromes utérins et l’échographie en précise la taille, le nombre et la localisation par rapport à l’utérus, établissant une cartographie de l’utérus et permettant de donner la classification FIGO : type sous-séreux, interstitiel, sous-muqueux plus rarement dans ce contexte de tuméfaction pelvienne (figure 11.1 et tableau 11.1). La taille ou le nombre des myomes constituent la masse.

Tableau 11.1 Différents types de myome : d’après la classification FIGO (d’après Munro, 011).

Myome sous-muqueux

0

Pédiculé intracavitaire

 

1

> 50 % intracavitaire

 

2

< 50 % intracavitaire

Interstitiel

3

Contact avec l’endomètre

 

4

Intramural

Sous-séreux

5

> 50 % intramural

 

6

< 50 % intramural

 

7

Pédiculé sous-séreux

Sous-muqueux et sous-séreux

2-5

< 50 % sous-muqueux et sous-séreux

Autres

8

Cervicaux ectopiques

 

________________________________________________________________________________Figure 11.1

Cartographie de l’utérus permettant de donner la classification FIGO.

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L’IRM est l’examen de seconde intention lorsque l’échographie est insuffisante, ou devant toute masse de plus de 10 cm ou tous fibromes en nombre supérieur à 5, et devant toutes masses complexes ou indéterminées échographiquement.

Les polypes sont les autres tumeurs solides de l’utérus ainsi que les masses cancéreuses, mais elles sont rarement assez grosses pour pouvoir donner des masses pelviennes.

L’échographie s’aidera de tous ses potentiels, l’hystérosonographie avec injection de liquide intracavitaire, l’échographie en 3D ou l’échographie avec amplification de la vascularisation par contraste.

2 Tuméfactions hétérogènes, mixtes ou multiloculaires solides

Pour une masse utérine elle évoquera parfois une dégénérescence du myome après nécrose ou après traitement, c’est souvent la nécrobiose ; une partie du myome se liquéfie et devient kystique.

Il peut aussi s’agir d’un sarcome, plus rarement d’un adénomyome forme localisé d’une endométriose utérine.

B Tumeurs ovariennes

1 Tuméfactions solides

Les tumeurs solides de l’ovaire sont par définition suspectes. Mais ce ne sont pas toujours des tumeurs malignes. Elles justifient une IRM. Ce sont les fibromes ovariens et les fibrothécomes. Ils sont néanmoins rarement très volumineux.

Certaines tumeurs malignes sont solides à l’échographie, c’est souvent le cas des métastases. Certaines tumeurs séreuses sont aussi solides.

2 Tuméfactions hétérogènes, mixtes ou multiloculaires solides

Les tumeurs mi-solides mi-liquides à l’échographie sont souvent suspectes. La zone solide étant souvent signe de tumeur maligne.

Quelques tumeurs bénignes peuvent néanmoins avoir cette forme.

Le kyste dermoïde de l’ovaire donne souvent un aspect hétérogène à l’échographie avec des zones internes hyperéchogènes de forme arrondie. L’association de zones liquides de contenu différent et de zones solides souvent avasculaires.

L’IRM permettra de faire le différentiel, elle est recommandée après l’échographie.

De même, les blocs adhérentiels de dystrophie ovarienne donnent à l’échographie des images hétérogènes. Généralement l’interrogatoire met en évidence des antécédents d’infection génitale. En cas de doute, une cœlioscopie exploratrice est indiquée.

Dans le contexte de tumeur mixte orientant plutôt vers un cancer de l’ovaire, la cœlioscopie n’est pas indiquée (cf. chapitre « Tumeurs de l’ovaire »). La patiente sera orientée vers un centre chirurgical de prise en charge des cancers de l’ovaire.

Beaucoup de tumeurs borderline font partie de ces masses mixtes ou complexes.

Une tomodensitométrie peut être demandée à titre de bilan préthérapeutique pour rechercher essentiellement une atteinte hépatique et des adénopathies lombo-aortiques et pelviennes avant de pratiquer la laparotomie ou la cœlioscopie diagnostique en cas de carcinose.

3 Tuméfactions liquidiennes

Les tuméfactions liquidiennes entraînent moins de difficultés diagnostiques. Elles sont uniloculaires ou multiloculaires liquides.

L’échographie permet le diagnostic différentiel avec :

         le kyste sous-tubaire ou vestigial : image liquidienne distincte de l’ovaire, mobilisable indépendamment de lui ;

         l’hydrosalpinx : image liquidienne allongée à paroi épaisse avec souvent cloisons tronquées distinctes de l’ovaire ;

Ce sont les kystes fonctionnels persistants ou des tumeurs bénignes de l’ovaire cystadénome séreux ou mucineux et endométriome.

En cas d’image anéchogène sphérique ou kyste uniloculaire liquide siégeant dans un ovaire, l’échographie recherche des critères de bénignité :

         image uniloculaire ;

         ou image pluriloculaire mais avec une cloison très fine (< 3 mm) ;

         absence d’écho interne (végétations) ;

         bords bien définis ;

         vascularisation périphérique, régulière, avec index de résistance > 0,50 ;

         kyste de moins de 7 cm ;

         absence d’ascite.

Si tous les critères de bénignité sont réunis il faut :

         contrôler par une nouvelle échographie à trois mois qu’il ne s’agit pas d’un kyste fonctionnel. Dans ce cadre il n’y aucune indication à un blocage ovarien ;

         si au bout de 3 mois le kyste n’a pas disparu, c’est qu’il est probablement organique et mérite surveillance ou ablation percœlisocopique.

Si tous les critères de bénignité ne sont pas réunis, il faut pratiquer une IRM ou une cœlioscopie.

L’imagerie permet aussi de différencier l’endométriose. Face à un endométriome il faut toujours rechercher une endométriose profonde associée et l’IRM est très utile sans orientation de symptômes.

Un des objectifs de la masse pelvienne est de ne pas être opérée si possible, souvent à partir du moment où elle est palpable, elle est symptomatique et va nécessiter une chirurgie, il faut alors savoir si elle est suspecte ou non et orienter la cœlioscopie vers un examen extemporané.

Le CA 125 est utile pour les masses suspectes et les cancers mais pas pour les kystes bénins.

La cœlioscopie débute par une exploration complète de la cavité abdominale.

On procède ensuite au traitement du kyste supposé bénin : kystectomie ou annexectomie en fonction de l’âge essentiellement.

Il faut limiter les examens extemporanés au cas de kyste suspect d’être borderline afin d’éviter une réintervention à distance pour la stadification et le traitement ; Il faut savoir arrêter la cœlioscopie si la nature maligne est évoquée et réaliser une laparotomie médiane qui permettra de faire la stadification et le traitement de ce cancer ou adresser la patiente dans un centre adapté à la prise en charge d’un cancer de l’ovaire. Il est donc indispensable d’avoir prévenu la femme du risque de laparotomie avant le début de l’intervention.

Finalement, la laparotomie n’est plus utilisée pour les kystes bénins qu’en cas de contre-indication à la cœlioscopie :

         insuffisance respiratoire ou cardiaque ;

         antécédents majeurs comme les péritonites ou les chirurgies digestives lourdes (cancers coliques, maladie de Crohn, etc.)

         kyste de plus de 10 cm.

V Attitude thérapeutique devant un fibrome utérin : les principes du traitement

L’évolution spontanée est imprévisible ; toutefois, les fibromes régressent habituellement après la ménopause.

A Abstention thérapeutique

C’est la règle pour les fibromes asymptomatiques et mesurant moins de 10 cm. Dans ce cas une surveillance par imagerie n’est pas justifiée.

B Traitement médical

Les progestatifs ne doivent plus être utilisés. Ils visent à minimiser les saignements liés à l’hyperœstrogénie relative en compensant l’insuffisance lutéale, mais ne peuvent réduire le volume des fibromes. Leur effet est plutôt de favoriser la croissance de ces derniers.

Les progestatifs sont prescrits du 15e au 25e jour du cycle, et du 5e au 25e jour si un effet contraceptif est souhaité. La durée du traitement est de 6 mois sauf si un effet contraceptif est recherché.

Les dérivés de la 19-norprogestérone (norpregnanes, Lutényl®, Surgestone®) et de la 17-OH progestérone (Lutéran®) sont actuellement utilisés.

Le DIU au lévonorgestrel ou Miréna® est le seul stérilet contenant un progestatif pouvant être utilisé en l’absence de myome sous-muqueux.

L’acide tranexamique (Exacyl®, Spotof®), antifibrinolytique, prescrit pendant les règles, peut également être utilisé de même que les AINS, en particulier l’acide méfénamique (Ponstyl®).

C Traitement préchirurgical

En cas de volume jugé trop important et/ou d’anémie sévère, la prescription d’agonistes de la Gn-RH peut être indiquée dans un but exclusivement pré-opératoire et pour une durée de 2 à 3 mois. Elle permet de mettre les patientes en ménopause artificielle et donc de diminuer le retentissement du myome : aménorrhée avec correction de l’anémie, et réduction de taille pouvant aller de 10 à 40 %. Il faut craindre en revanche les effets secondaires de la ménopause artificielle.

De la même manière il est désormais possible d’utiliser l’ulipristal (Esmya®) avec 1 cp par jour pour 3 mois de traitement qui permet d’obtenir une aménorrhée plus rapidement qu’avec les analogues, avec une diminution de taille du myome possible même si un peu moins importante.

Si l’effet des analogues est vite interrompu à l’arrêt du traitement, il semble rémanent quelques mois après l’ulipristal.

D Traitement chirurgical

1 Traitement chirurgical conservateur

L’indication du traitement conservateur des fibromes est guidée par le désir de la patiente de préserver sa fertilité (myomectomie par voie abdominale, par laparotomie ou par cœlioscopie selon la taille du fibrome) ou résection de fibrome endocavitaire sous hystéroscopie pour les fibromes intracavitaires de taille inférieure à 4 cm et développement majoritairement intracavitaire.

2 Traitement chirurgical radical : hystérectomie

En cas d’hystérectomie dans un contexte d’utérus myomateux, la voie vaginale tend à devenir la technique de référence, lorsque le volume et/ou le défaut d’accessibilité vaginale ne la contre-indique pas. La cœliochirurgie peut (seule ou le plus souvent en association avec la voie vaginale) être indiquée notamment en cas de masse annexielle associée ou d’adhérences. Dans les autres cas, ou en cas de difficultés peropératoires, on doit recourir à la laparotomie.

3 Indications

Les indications chirurgicales restent basées sur des données « empiriques », mais relativement consensuelles après échec des traitements médicaux et parfois précédées par l’ulipristal ou les analogues pour réduire la taille et corriger le retentissement des myomes :

         utérus myomateux associé à des ménométrorragies fonctionnelles résistant au traitement médical, surtout en cas de retentissement général (anémie, transfusions) ;

         myomes comprimant les organes de voisinage avec retentissement notamment sur l’appareil urinaire ;

         myomes sous-séreux pédiculés tordus ou en nécrobiose, responsables de douleurs pelviennes.

E Myolyse

Elle a pour objectif la destruction du fibrome utérin.

Il en existe deux types.

L’embolisation des artères utérines consiste en l’obstruction de la vascularisation du fibrome par injection de particules dans les artères utérines sous contrôle radiologique. L’ischémie ainsi obtenue permet la nécrose du myome et la diminution des symptômes qui lui sont imputés ainsi que sa réduction de taille. Ses deux principales indications sont :

         à visée thérapeutique comme traitement isolé ;

         à visée préopératoire afin de diminuer le saignement peropératoire.

Ses taux de succès sont de l’ordre de 80 à 90 % à 5 ans, permettant d’éviter nombre de traitements chirurgicaux conservateurs ou non.

Elle constitue l’alternative validée du traitement chirurgical des myomes, presque toujours possible mème pour les myomes de grande taille ou nombreux, elle permet la conservation utérine ou évite la myomectomie.

Elle doit systématiquement être proposée en alternative à la chirurgie pour les myomes interstitiels et sous-séreux. Elle n’est pas une bonne indication pour les myomes sous-muqueux, plus simplement traités par hystéroscopie opératoire.

Il semble préférable de la proposer en l’absence de désir de grossesse, mais ce dernier n’est pas une contre-indication.

La myolyse par thermocoagulation, en utilisant les ultrasons, HIFU, la radiofréquence, la coagulation ou la cryothérapie.

Il existe de nombreux procédés beaucoup encore en phase de validation. Les taux de succès sont de l’ordre de 50 à > 70 % à 2 ans. Ils constituent l’avenir du traitement des myomes.

Comme l’embolisation, ils neutralisent les myomes sans les faire disparaître complètement.

F Traitement des complications (figures 11.2. et 11.3)

1 Nécrobiose

Le traitement est médical et associe :

         repos au lit et glace sur le ventre ;

         des AINS (contre-indiqués en cas de grossesse) et des antalgiques ;

         une antibiothérapie peut se discuter ;

________________________________________________________________________________Figure 11.3

Patiente symptomatique. Sans désir de conservation utérine.

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________________________________________________________________________________Figure 11.2

Patiente symptomatique. Désir de conservation utérine.

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VI Attitude thérapeutique devant un kyste ovarien : les principes du traitement

L’évolution spontanée est imprévisible ; toutefois, les kystes ovariens hormis les kystes fonctionnels ne régressent pas habituellement.

A Abstention thérapeutique

C’est la règle pour les kystes uniloculaires liquides de moins de 7 cm asymptomatiques. Dans ce cas une surveillance par imagerie est justifiée pour éliminer les kystes fonctionnels à 1 à 3 mois puis 1 an.

B Traitement médical

Les progestatifs ou œstroprogestatifs ne doivent plus être utilisés. Ils visent à éviter le renouvellement des kystes fonctionnels mais sans aider à les faire disparaître autrement qu’en déclenchant les règles. Ils sont prescrits du du 1e au 21e jour si un effet contraceptif est souhaité. La durée du traitement est de 6 mois sauf si un effet contraceptif est recherché.

Le DIU au lévonorgestrel ou Miréna® comme les implants microprogestatifs peuvent être pourvoyeurs de kyste fonctionnels.

En cas de kyste ne disparaissant pas sous tamoxifène, la prescription d’agonistes de la Gn-RH peut être indiquée pour une durée de 2 à 3 mois. Elle permet de mettre les patientes en ménopause artificielle et donc de diminuer le retentissement du tamoxifène sur l’ovaire. Il faut craindre en revanche les effets secondaires de la ménopause artificielle.

Il n’y a pas d’indication à la ponction du kyste sous échographie.

C Traitement chirurgical

1 Traitement chirurgical conservateur

L’indication du traitement conservateur des kystes est guidée par le désir de la patiente de préserver sa fertilité : kystectomie par voie abdominale, par laparotomie ou par cœlioscopie selon la taille du kyste.

Seul le kyste sera retiré préservant l’ovaire et son stroma. Ce sera le cas pour tous les kystes supposés bénins en première intention. Cela sera possible pour les tumeurs borderline bilatérales chez des femmes jeunes et souhaitant une grossesse. Il est important de ne pas rompre un kyste non bénin.

2 Traitement chirurgical radical

Une ovariectomie simple avec conservation de la trompe chez une femme jeune permet de préserver au mieux son potentiel de grossesse en cas de tumeur bénigne où parfois il est impossible de conserver du parenchyme sain. Parfois, une annexectomie (trompe et ovaire homolatéral) en cas de suspicion de tumeur borderline ou maligne chez une jeune femme sera proposée. La voie cœlioscopique tend à devenir la technique de référence, lorsque le volume et/ou le défaut d’accessibilité ne la contre-indique pas. Dans les autres cas, ou en cas de difficultés peropératoires, on doit recourir à la laparotomie.

3 Indications

Les indications chirurgicales restent basées sur des données « empiriques », mais relativement consensuelles après échec des traitements médicaux et de la surveillance :

         kyste symptomatique ou compliqué ;

         kyste de plus de 5 cm ;

         kyste complexe ou suspect de malignité.

D Destruction

Elle a pour objectif la destruction du kyste (figure 11.4).

________________________________________________________________________________Figure 11.4

Patiente symptomatique, kyste de l’ovaire. Échographie doppler.

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Il en existe deux types : ponction simple pour les endométriomes ; ponction avec injection d’alcool pour détruire l’endométriose interne et éviter la reproduction du kyste.

E Traitement des complications

1 Torsion

Le traitement est chirurgical en urgence, le plus souvent par cœlioscopie pour confirmer le diagnostic et associer le traitement :

         détorsion du kyste ou de l’annexe ; il faut toujours essayer d’être conservateur sauf si nécrose complète ;

         ablation du kyste ;

         rarement fixation de l’annexe.

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Points clés

Fibromes

         Les fibromes sont très fréquents.

         Ils ne sont pas toujours symptomatiques.

         Le principal examen d’orientation diagnostique est l’échographie.

         La principale variété de fibrome à l’origine de saignements est le fibrome sous-muqueux.

         En l’absence de symptomatologie, aucun traitement n’est nécessaire quelle que soit la taille du fibrome.

         Le traitement médical par progestatifs n’est efficace que sur les anomalies de l’endomètre souvent associées.

         Le traitement est essentiellement chirurgical.

         L’embolisation artérielle du fibrome doit constituer une alternative thérapeutique dans certaines formes.

         Les complications (en dehors des hémorragies) sont rares.

Kystes de l’ovaire

         C’est un des motifs les plus fréquents de consultation gynécologique.

         La principale étiologie est le kyste fonctionnel.

         La crainte du cancer de l’ovaire est liée à son mauvais pronostic mais il représente 5 % des kystes organiques avant la ménopause et 15 % en post-ménopause.

         Dans la majorité des cas, leur découverte est fortuite.

         L’examen clinique est souvent peu contributif.

         Le principal examen d’orientation diagnostique est l’échographie pelvienne avec Doppler.

         Elle sera réalisée par voie abdominale et surtout par voie endovaginale.

         Chez la femme jeune, la principale étiologie est le kyste fonctionnel ; il faudra contrôler l’échographie au bout de quelques mois avant de suspecter le diagnostic de kyste organique.

         En cas de persistance du kyste ou d’aspect suspect, ou de masse de plus de 7 cm il faudra réaliser une IRM puis proposer une analyse anatomo-pathologique.

         Dans les kystes non suspects de malignité, la cœlioscopie permet le plus souvent de compléter l’exploration et de réaliser l’exérèse du kyste.

         La principale complication à redouter est la torsion d’annexe, plus fréquente en cas de kyste de l’ovaire.

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